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Ma nature profonde..
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8 novembre 2016

Le Salomon des Francs

dagobert1

Chers amis,

je comprends votre désarroi, que dis-je, votre désarroi ? votre détresse, à vous qui vîntes de tous les coins de France et de Navarre pour savoir si Dago la portait à l'envers, et qui pour toute réponse vous heurtâtes à un silence vertigineux.

On se moque de nous à la fin ! Remboursez !

Mes amis, mes amies, du calme : l'heure de la vérité a enfin sonné. Vous croyiiez jusqu’alors (puisqu’on vous l’a pernicieusement fait croire) que ce bon vieux Dagobert était tellement distrait qu’il se prenait les pieds dans les tapis et chutait, sous les regards ahuris de ses sujets, emberlificoté dans ses braies enfilées à la va-vite. Eh bien c’est vrai. Mais pas parce que c’était un Pierre Richard de l’an 700. Non non.. Dagobert était un Don Juan et passait sa vie à se déshabiller et à se rhabiller n’importe comment.

Je sais : ça fait mal d’apprendre ça.

Que je vous narre la chose par son début.

Tout commença un beau jour de 603 à Clipiacus (Clichy), avec la naissance d'un petit être fragile et chou que son papa, le trop célèbre Clotaire II (fils des non moins célèbres Chilpéric et Frédégonde) appela Dagobert, ce qui signifie "grand jour", tellement il était content que la Providence lui accordât encore un héritier pour ses vieux jours, vu qu’il avait zigouillé tous les précédents (ceci dit, Dagobert portait bien son nom, car - Dieu soit loué - il n’avait pas grand-chose à voir avec ses terrifiants aïeux, puisque lui, lorsque par un pur hasard son frère Charibert est mort en 632, il a juste fait assassiner son neveu, mais c’était dans un noble but de conciliation : éviter un nouveau partage) (vous vous rappelez que chez les Francs, au contraire des Bourbons et autres Valois beaucoup plus tard, le royaume était censé être partagé en parts égales entre tous les fils) (tradition à laquelle, entre parenthèses, Dagobert est le premier à ne pas se soumettre, comme on va le voir pas plus tard que tout de suite - et là, on peut dire que c’était un précurseur, et pas seulement en matière de mode vestimentaire).

Quand Dago eût atteint l’âge vénérable de quinze ans, son père qui n'était toujours pas mort décida de l’associer au pouvoir royal afin de pouvoir se la couler douce entre les bras de la jeune et sublime dernière arrivée dans son harem, à savoir Sichilde. Comme Clotaire avait finalement un bon fond malgré tout ce qu’on a raconté à son sujet, il décide de faire profiter son fils de l’aubaine et lui colle dans les bras la sœur de Sichilde, Gomatrude, en lui sommant de l’épouser.

Mais Dago n’est pas dupe : ce n’est pas une vulgaire femelle qui va lui faire oublier que son père ne lui a refilé qu’un tout petit bout de l’Austrasie. S’ensuit une joyeuse joute verbale dont les Francs ont le secret, au terme de laquelle Dagobert récupère la Champagne et la Brie.

gaule_dagobert1

Quant à la pauvre Gomatrude, elle ne fait pas long feu dans la couche royale puisqu’à peine quelques mois s’écoulent avant que le roi d’Austrasie ne croise la route de la douce Nanthilde, ce qui fait qu’aussi sec il répudie Goma.

Il faut dire que, tout comme les femmes romaines, les femmes franques étaient si peu de choses .. On les épouse, on les viole, on les répudie, on se demande même si elles ont une âme ..

À Clipiacus, Dagobert et Nanthilde, s’étant aimés tout l’été, se trouvèrent fort dépourvus quand la bise fut venue : pas l’espoir du moindre petit Dago en vue, malgré toute l’énergie qu’ils mettaient à l’ouvrage. Or, le roi allait sur ses trente ans, autant dire qu’il avait déjà un pied dans la tombe. Il lui fallait un héritier, et vite.

C’est comme ça que - uniquement par devoir - il se résolut à chercher une autre femme. Comme les filles du palais n’avaient pas été renouvellées depuis son mariage avec Nanthilde et qu’il les avait déjà toutes mises dans son lit du temps de Gomatrude, il entreprit de faire un petit voyage de prospection dans la région d’Augustomagus (Senlis), où les femmes avaient la réputation d‘être belles et ardentes. Naturellement, il emmena Nanthilde avec lui car il la savait de goût très sûr.

Nanthilde n’était pas une nounouille comme Gomatrude : elle n‘embêta pas Dago avec une bête jalousie déplacée, ce qui lui permit de rester dans la place quand le roi jeta son dévolu sur la charmante Ragnétrude qui lui donna un fils (Sigebert) en 631.

Pour fêter cet heureux événement, il prit une nouvelle concubine du nom de Wulfgunde, laissant Ragnétrude pleurer dans les bras de la reine Nanthilde.

S’ensuivit de la part de Dagobert une frénésie amoureuse qui lui valut le surnom de "Salomon des Francs". Exit le grand roi qui avait gouverné pendant quinze ans, entouré d’excellents conseillers comme le bon Saint Éloi qui remettait tout à l’endroit, exit le souverain qui avait assuré la soumission absolue de son royaume et dont le prestige était tel qu’aucun roi des Francs ne l’égala plus jusqu’à l’avénement de Pépin le Bref...

Si bien que, miné et affaibli par toutes ses orgies, Dago s’éteint à trente-six ans, complètement rétamé. On l’inhume selon ses vœux dans la basilique de St Denis (à sa suite, l‘abbaye accueillera la quasi-totalité des rois de France).

tombeau-de-dagobert-saint-denis

Mais je vous vois déjà vous agiter : St Denis ? Quid St Denis??

Eh bien voilà. Un jour, Dago fut atteint de lèpre. Il se dit comme ça : je vais aller faire un petit pèlerinage pour demander à Dieu de me débarrasser de cette cochonnerie. Et il emmena une de ses femm sa femme pour le soutenir dans cette rebutante mission. Ils s’arrêtèrent en chemin et s’étendirent sur un pré fleuri pour y batifol dormir. Cela se passait à Catulliacum (St Denis). Au réveil, le contact de sa peau avec la rosée avait rendu saine une partie de son corps. Du coup il y vit comme un signe divin et s’immergea complètement dans l’herbe fleurie, toujours en compagnie de sa belle (c’est de là, d’ailleurs, qu’il prit l’habitude de faire des pèlerinages dans les buissons avec une personne du sexe opposé : pour remercier le Seigneur).

Et c’est comme ça qu’il fonda l’abbaye de St Denis sur le lieu du miracle..

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Commentaires
E
Excellent une fois de plus ! Je regrette de n'avoir pas commenté hier après la première lecture mais j'ai été interrompue au moment où je m'apprêtais à le faire. Ce sera donc moins spontané. En tout cas, merci une fois de plus. C'est un régal. Quelle merveilleuse façon de conter. C'est sûr que si mes profs d'histoire avaient eu ta façon de raconter l'Histoire, j'aurais été plus attentive et intéressée. <br /> <br /> Je n'ai jamais entendu Christine Bravo (merci à Nadine pour l'info) mais je suis sûre que tu lui arrives largement plus haut que la cheville.
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N
Coucou Ambre,c'est bien cela le titre mais te dire où je l'ai vue ????je suis tombée dessus sans le vouloir,ma fille Florence m'en avait parlé.Si je trouve ,je te dis.<br /> <br /> Si si tes histoires sont très bien narrées,bravo.<br /> <br /> Belle journée à toi,le soleil brille c'est plus gai que mercredi,de gros bisous de Nadine.
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N
Les leçons d'histoire seraient mieux retenues.J'écoute parfois Christine Bravo,elle a le chic comme toi de raconter l'histoire avec humour.Bravo à toi,tu es sensationnelle,<br /> <br /> bisous,nadine.
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N
Quelle histoire,mais je ne le croyais pas aussi coquin,ce bon roi Dagobert...un véritable retrousseur de jupons.<br /> <br /> Continue Ambre à nous enchanter de l'histoire de France.C'est vrai que les filles sont belles dans l'Oise.<br /> <br /> Bisous de Nadine.
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A
Ta manière de raconter l'histoire me distrait beaucoup ! Bises.
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