Les noms autrefois
Avant le XIIe siècle, les personnes n'étaient désignées qu'avec un seul terme, qu'on appellerait aujourd'hui "prénom", et qui correspondait souvent au saint du jour de la naissance. Par la suite, au fur et à mesure de l'augmentation de la population, pour différencier les personnes on a accolé un nom au prénom. Ce nom pouvait être d'origine géographique ("de Nancy", par exemple), de résidence ("du chêne", "du moulin"), de filiation (le Martin de Jean), de parentalité ("le jeune" = fils de), de métier, ou encore un surnom, souvent une singularité liée au physique ou au caractère (sobriquets comme : le grand, le bon, ou encore le rebour qui désigne un épi de cheveu ou un caractère rebelle).
À partir de 1539, avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts du roi François 1er, la tenue des "registres de baptêmes et de sépultures" devient obligatoire.
Le roi François 1er par Jean Clouet
Cette ordonnance est par ailleurs célèbre car elle oblige à utiliser le français dans tous les documents relatifs à la vie publique du Royaume de France afin d’en faciliter la bonne compréhension. C’est ainsi que le français devient la langue officielle en lieu et place du latin, voire de langues régionales.
Ordonnan du Roy sur le faid
de justice
Francois, par La grâce de dieu, Roy de France
Sçavoir faisons, à tous présens et advenir, que pour aucunement pourvoir au bien de notre justice, abréviation des procès, et soulagement de nos sujets, avons, par édit perpétuel et irrévocable, statué et ordonné, statuons et ordonnons les choses qui s’ensuivent.
CXI. Et Pource que telles choses sont souventeffois ad-venues sur l'intelligence des motz latins contenuz esdictz arrestz, nous voulons que doresenavant tous arretz ensemble toutes autres procédeures, soyent de noz cours souveraines ou autres subalternes et inférieures, soyent de registres, enquestes, contractz, commissions, sentences, testamens et autres quelzconques actes et exploictz de justice, ou qui en dépendent, soyent prononcez, enregistrez et délivrez aux parties en langage maternel françoys, et non autrement.
Avant cette ordonnance de 1539, l'identification des personnes était régie par la "reconnaissance" de leur visage, reconnaissance relativement facile du fait de la hausse démographique modérée.
Il n’en reste pas moins que des exemples comme l’affaire Martin Guerre, jugée en 1560 (un film a été fait racontant cette histoire vraie :
http://www.premiere.fr/film/Le-Retour-De-Martin-Guerre-553055# )
montre la difficulté d’identifier les personnes de façon fiable en l'absence de documents écrits.
En France comme dans la plupart des pays de l'Europe de l'Ouest, l'autorité religieuse a très tôt souhaité répertorier dans les registres paroissiaux les personnes ayant reçu le baptême ou ayant été enterrées religieusement. Ces registres sont parfois assortis d'un "registre d'état des âmes" (équivalent de l'actuel registre de population) rédigé à titre privé par des curés qui veulent faire un état moral de leur paroisse, afin de démasquer notamment des cas de bigamie, de concubinage ou d'impiété.
En avril 1667, avec l’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye, la tenue des registres en double est rendue obligatoire, réduisant fortement la perte totale des informations pour cause de troubles, guerres, incendie ou dégradations par les rongeurs. L'un des exemplaires, appelé grosse, doit être conservé par le greffe du bailliage tandis que l'autre, la minute, retournera entre les mains du curé desservant la paroisse. C’est à ce moment-là que le papier timbré devient obligatoire pour la confection d’actes authentiques.
Ceci pour expliquer, d'une part la grande difficulté de remonter la généalogie au delà du XVIIe siècle quand aucun registre n'était tenu, et d'autre part pourquoi on peut trouver la même personne prénommée de manière différente suivant les moments de sa vie.. (par ex Martin Louis Guerre, fils de Martin Guerre: tant qu'ils étaient vivants tous les deux le 1er pouvait être nommé Louis pour ne pas le confondre avec son père et ensuite Martin quand son père est mort).