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Ma nature profonde..
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22 octobre 2016

Brave au combat

brav au combat 1

Un beau matin de l'an 300 et des brouettes, nos ancêtres les Gallo-Romains voient une horde de guerriers blonds à la nuque rasée et aux cheveux ramenés sur le sommet du crâne s'abattre sur la Gaule et ravager tout sur leur passage. Ce sont des Francs, que les Romains, histoire de les faire tenir tranquilles cinq minutes, tentent de prendre comme auxiliaires dans leurs légions. Il faut dire que les Francs sont des guerriers dans l'âme, ou plutôt dans l'arme dont ils ne se séparent jamais, même après la mort ! Ils y mettent tout leur art et toute leur richesse, et d'ailleurs, ils sont redoutables au combat : ils excellent à faire tournoyer leur bouclier, à lancer leur hache (ils ne manquent jamais leur but), et s'ils accompagnent d'un bond le vol de leur lance, ils tombent avant elle sur l'ennemi ! La mort peut les abattre, la crainte, jamais !

Seulement voilà, question discipline, ils sont encore pires que les Gaulois, et ne mettent pas long feu à n'en faire qu'à leur tête. Leur tempérament batailleur et leur farouche esprit d'indépendance empêchent longtemps ces tribus éparses de s'unir pour former une nation. Plus souvent ennemis qu'amis, contre les Romains que pour, leurs divisions ne prennent fin que le jour où le roi d'une charmante petite tribu de Francs saliens subjugue tous ses voisins : Clovis, plus exactement Chlodweg, ce qui dans leur patois signifie "brave au combat".

Lorsque Childéric, père de Clovis, meurt en 481, Chlodweg n'a que quinze ans et hérite d'un minuscule domaine de rien du tout  autour de Tournai (au nord-est, c'est-à-dire en Belgique actuelle). Rien encore ne laisse présager qu'en trente ans, à force de guerre, de diplomatie et de quelques menus crimes deci delà, il en fera un royaume bien plus grand que la France d'aujourd'hui.

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Mais nous n'en sommes pas là. Pour l'instant Clovis est un barbare païen qui ne cherche rien qu'à embêter son voisin, en l'occurrence Syagrius, un Gallo-Romain qui règne sur le domaine situé au sud du petit royaume franc. En trois coups de cuiller à pot, Syagrius est égorgé et tous ses biens et les églises pillés. Le butin est rassemblé à Soissons en attendant d'être distribué à l'ensemble des militaires. Chez les Francs, on se partage tout à parts égales, qu'on soit chef ou simple soldat, chacune des parts étant tirée au sort, y compris celle du roi. Or, Clovis espère récupérer un magnifique vase d'argent, très lourd et d'une grande beauté, provenant d'une des églises dévastées, que le partage ne lui a pas attribué.. Il le demande au soldat qui l'a reçu, mais ce dernier refuse et même, histoire de faire de la provoc, le cabosse avec sa hache (le vase, pas son chef). Clovis fait celui qui ne calcule pas, mais en vrai, il n'oublie rien de rien du tout et l'année suivante, en passant ses troupes en revue, il tombe nez à nez avec l'homme qui a refusé sa requête et lui fait comme ça : "Personne n'a d'armes aussi mal tenues que les tiennes !! Ta framée, ton épée, ta francisque, rien ne vaut !!"

Et saisissant ladite francisque, il la jette à terre. Le soldat honteux et confus se baisse pour la ramasser, alors le roi lève sa hache et la lui plante dans le crâne, en prononçant ces mots célèbres qui ont traversé les siècles : "Comment qu'i m'a vénère çui-la !!!!".

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On voit tout de suite dans ce geste spectaculaire le signe que Clovis est prédestiné à tourner le dos à la barbarie païenne pour embrasser l'humanisme chrétien ("Oeil pour oeil, dent pour dent !").

En attendant, la victoire de Soissons le rend maître de toute la Gaule du Nord. "C'est bien bête d'être tout seul à profiter de tout ça", se dit-il en poussant un énorme soupir - surtout qu'il a hérité de son père un penchant quelque peu excessif pour la gent féminine (Childéric avait la fâcheuse manie de s'approprier les femmes qui étaient à son goût - or, elles y étaient toutes - ce qui contrariait très légèrement les pères et les maris ..).

Bref. Clovis se met en quête d'une épouse, et la trouve en la personne de Clothilde, une princesse catholique de très bonne famille (bon OK, l'oncle qui l'a élevée avait zigouillé toute la famille pour rester seul maître à bord - ce ne sont pas des choses qui arriveraient de nos jours ..) oui et donc, Clothilde, en plus d'être de sang royal, était d'une très grande beauté (il n'y a vraiment pas de justice en ce bas monde).

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Désireux de lui montrer qu'il y est fort sensible, Clovis la couvre de caresses et l'envoie direct au paradis. Du coup, Clothilde veut lui en faire connaître un autre et décide de le convertir au catholicisme. Ce n'est pas gagné : Clovis se prend déjà pour Dieu, vu que les Francs sont persuadés que leurs rois en sont (des Dieux). Et la preuve indiscutable en est leurs longs cheveux blonds (c'est bien simple, pour se débarrasser d'un Franc, il suffisait de lui raser la tête : il se trucidait sur le champ tellement il était traumatisé de ne plus avoir ses cheveux).

D'ailleurs, quand le grand-père de Clovis, Mérovée - qui a donné son nom à la dynastie mérovingienne - est venu aux Champs Catalauniques donner un coup de main à Aetius pour écraser les Huns, on devait voir de loin sa belle chevelure dense et bouclée voler au vent.

Enfin bref.

Clovis n’est donc pas fou de joie à l'idée d'embrasser la religion de sa femme, surtout qu'il a quand même d'autres chats à fouetter, en l'occurrence ses cousins germains les Alamans, une bande de pillards qui vient d'envahir la plaine d'Alsace. Sans leur laisser le temps d'avancer à l'intérieur des terres, Clovis se rue sur eux avec tous ses Francs. Seulement voilà, les propos de Clothilde l'ont tellement contrarié qu'il n'est pas du tout à ce qu'il fait : bilan, ce qui devait arriver arrive, l'avantage tourne en faveur des Alamans !! C'est là que Clovis a une idée de génie : il s'écrie : "Ho Clothildas Gott !!" (en franc dans le texte), "wenn du mir gibt das Sieg, werde ich ein Christlich geworden!! (Oh Dieu de Clothilde ! Si tu me donnes la victoire, je me ferai Chrétien !)"

Dieu répond : " Tope-là, mon pote !"

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Aussitôt, chambardement de situation : les Alamans sont rétamés en moins que rien.

Cela se passait à Tolbiac, et l'écho de cette victoire résonne encore dans le XIIIe arrondissement de Paris..

 

À SUIVRE ...

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Ste Clothilde (tout-à-fait à gauche)

Cathédrale de Soissons

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22 octobre 2016

La francisque

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La francisque était une arme redoutable. Les Francs, paraît-il, ne rataient jamais leur cible.. Il valait mieux être leur chouchou que leur ennemi ;-)

Belle journée à vous!

21 octobre 2016

Super svelte

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Nos ancêtres les Gaulois n'avaient peur que d’une chose : que le ciel leur tombe sur la tête. Finalement ce sont les Romains qui leur sont tombés dessus, à une période où Lutecia, comme l’appelait Jules, n’était encore qu’une île reliée par deux vétustes ponts de bois, habitée par une modeste peuplade de Gaulois celtes, lesquels, ormis leur jeu préféré qui consistait à se massacrer entre eux, vivaient du fleuve. C’est d'ailleurs pour ça qu’ils s'appelaient les Parisii, qui veut dire pêcheurs en gaulois (du reste, c’est ce nom qui restera à notre capitale, ainsi que le bateau dans les armes de la ville et la devise "Fluctuat nec mergitur" ..).

En trois siècles, les Romains vont y construire des marchés, des temples, des ponts plus solides et des rues bien droites, tracées selon un quadrillage conforme aux règles de l'urbanisme militaire en vigueur dans les camps romains, effaçant toute trace de l‘îlot que fut notre capitale à leur arrivée en Gaule..

En l’an 451 de notre ère, Attila, saisi d'un brusque désir de tourisme dynamique, rapplique de sa Tartarie natale avec ses hordes, passe le Rhin, met tout à feu et à sang dans les provinces du Nord et marche droit sur la vallée de la Sequana (Seine).

Panique générale chez les Parisii ! Heureusement, Geneviève est là !! Mais qui est Geneviève ? Eh bien c'est une jeune fille de vingt-huit ans, pas encore sainte, mais déjà très pieuse. En effet, dès l’âge de sept ans elle se fait remarquer par Germain, l'évêque d'Auxerre qui, la trouvant en prière dans l'église de Nanterre (ville où elle est née), pose ses mains sur la petite et déclare : "Ne la contrariez pas, car, ou je me trompe bien, ou cette enfant sera grande devant Dieu." Tellement grande devant Dieu qu’à quinze ans, Geneviève prend le voile des vierges. À l'époque, les monastères de femmes n’existent pas, et celles qui souhaitent se consacrer au Seigneur continuent à vivre dans le monde, simplement distinguées par le voile de leur consécration. C’est ce qui se passe pour Geneviève qui, à la mort de ses parents, vient habiter à Lutecia chez sa marraine. Geneviève vit de silence, de prière et de mortification, ne se nourrissant que deux fois par semaine (raison pour laquelle elle est super svelte, d‘après les quelques témoignages en notre possession).

Mais revenons à nos Huns, ou plutôt à nos Parisii. S'ils n'avaient peur que d'une chose (que le ciel leur tombe sur la tête), ils voyaient néanmoins avec un enthousiasme plus que mitigé le désherbage prématuré de la région. C'est pour ça qu'à cette annonce ils n'ont qu'une hâte : déguerpir au plus vite. C'est là que Geneviève s'exclame : "Ne partez pas !! Lutecia est protégée par le Christ et échappera au carnage!".

Taratata !! Les hommes terrorisés (ce ne sont que des hommes, ne l'oublions pas) restent sur leur idée : prendre courageusement leurs jambes à leur cou - non sans avoir au préalable jeté dans la Sequana cette espèce de folle qui leur suggère de rester pour se faire massacrer (après l'avoir, par précaution, lapidée avant).

Geneviève alors se tourne vers les femmes qui comme toujours, sont les seules à ne pas paniquer pour trois fois rien, et avec elles s'en vient prier dans une église (église qui, entre parenthèses, était située à l'endroit où se dresse l'actuelle Notre-Dame).

Sur ces entrefaites, surgit l'archidiacre d’Auxerre qui clame de sa virile voix : "Parisii !! Celle que vous voulez tuer est une sainte ! Obéissez-lui !"

Une sainte ?? Veni vedi sainti ??

Du coup, les mâles Parisii ne savent plus que faire. Vaquer ? Lapider ?? Big dilemme. Finalement, ils se disent que l’archidiacre est aussi un homme, comme eux, et décident donc de lui faire confiance et d’attendre l’arrivée d’Attila .. Qui n’a pas lieu, comme l’a prédit Geneviève. En effet, piqué par on ne sait quelle mouche, le célèbre Tartare, suivi de sa meute, se détourne brusquement de Lutecia pour aller désherber Cenabum (Orléans) qu'il assiège (finalement, les Huns seront repoussés et vaincus lors d‘une bataille à grand spectacle, avec des fleuves de sang, aux Champs Catalauniques) (ce qui prouve que la civilisation triomphe toujours).

Hourra!!! Hourra !!!! hurlent les Parisii [comme si c’était eux qui avaient fait tout le boulot]. Et ils proclament Geneviève leur sainte patronne, oubliant complètement que trois secondes avant ils voulaient la noyer.

(Pour la p'tite histoire, trente ans plus tard, elle remettra ça avec les Francs. Geneviève, cette fois, sauvera la ville de la famine en organisant une expédition ingénieuse au moyen de bateaux qui, par la Sequana, iront chercher le ravitaillement jusqu'en Champagne. D’ailleurs, Clovis en fera toute une montagne (la Montagne Sainte-Geneviève). Quant Geneviève mourra, en 512, à l’âge très vénérable de quatre-vingt-neuf ans, Clovis y fera construire une église, qui abritera son tombeau (à Geneviève) ainsi que le sien et celui de sa femme (à Clovis) (et c’est à ce même endroit qu’Abélard commencera à enseigner au XIe siècle)).

Voilà.

Bon alors, j'ai demandé à mon fils de lire ce texte pour savoir s’il était clair, et de me dire ce qu’il en a retenu. Réponse : Sainte Geneviève était super svelte..

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